Ajouté le 21 oct. 2017
« Aussi loin que remontent mes souvenirs, je dessine et je peins.
Rien ne peut freiner cette énergie de création lorsqu’elle m’envahit. Aujourd’hui je l’identifie lorsqu’elle s’empare de moi, sans savoir où elle va me porter. Je lui fais confiance. Parfois je reste dubitative sur ce qui apparaît. Je me mets dans son élan et mon atelier reflète alors ce bouillonnement dans lequel je suis. La musique classique surtout celle de Sati au piano m’accompagne souvent.
Mon projet est d’être reconnue comme « Hartiste » par mon style, mon approche, ma peinture.
Depuis quelques mois, mes tableaux parlent des villes. Paris. Lisbonne.
Lignes horizontales et « fêlures » quadrillent l’espace. Les couleurs sont celles de ma palette. Au départ du jaune, de l’ocre, de la terre brulée, du blanc. Ni vert ni rouge. Le noir est toujours présent quelque part comme un repère, une force. Mon pinceau que je ne nettoie quasiment pas, apporte des touches inattendues plus ou moins orangées parfois, ou pourpre… je les découvre lorsque je prends du recul.
Et je me laisse emportée dans une découverte sans fin car en fait un tableau n’est jamais terminé.
Entre abstraction et figuratif, je pars toujours d’une ligne horizontale tracée de gauche à droite. Et mon stylo cherche, court sur le papier. De détours en contours, les formes apparaissent. Les pages se succèdent. Parfois en vain. C’est un processus qui se met en mouvement. Nécessaire pour capter le projet du prochain tableau. Comme une phrase musicale qui donne le ton, une sorte de « laisser passer » à mon imagination.
Au début est la ligne horizontale. La ligne d’horizon dans laquelle se perd le regard et qui est le repère de mon inconscient.
Pendant toute une période, je suis partie de cette ligne horizontale pour capter les formes d’un corps de femme et les mêler à celles d’une contrebasse dans une étroite symbiose. Jamais de visage. Des formes évoquées par un morceau de bois trouvé lors d’une promenade. Derrière un tableau, on peut parfois retrouver les traces de cette première approche comme en filigrane.
J’ai « appris en marchant » depuis mon plus jeune âge, les techniques et les maîtres. J’ai étudié Kandinsky alors que j’avais à peine 13 ans. J’ai fait et refait des tableaux en m’inspirant de lui sans jamais vraiment l’imiter car au final mes couleurs préfiguraient mes palettes d’aujourd’hui.
J’ai beaucoup appris lors d’une visite au Musée de Viera Da Silva pendant la période des Beaux Arts au Portugal.
J’ai travaillé des dizaines de portraits de Fernando Pessoa inspirée par sa poésie.
D’une certaine façon, j’ai fait mon apprentissage comme les peintres du 18ème ou 19ème qui faisaient des voyages initiatiques en Europe. Du nord de la France où je suis née en 1977, au Portugal où j’ai suivi un cours de Beaux Arts. J’ai pu ensuite parcourir l’Europe pendant plusieurs mois, grâce à un billet inter-rail gagné à un concours de peinture.
A 20 ans, j’arrive à Paris avec mon sac à dos pour tout bagage et je m’y installe. J’élis domicile dans une loge de concierge proche de Montmartre et la transforme en atelier.
J’obtiens aussi un diplôme de peintre décorateur à l’issue d’un cours à l‘Institut des arts et métiers auprès de Nathalie Bibas. Puis j’ai rencontré avec Catherine Feff sur la création de trompe l’œil. Activité que j’exerce en parallèle.
Il m’est difficile de décrire mes tableaux avec des mots, de commenter mon travail. Mon cheminement est une interaction entre le pinceau, ma palette, la toile et mon « intérieur ».
Lorsqu’il quitte mon atelier, il ne m’échappe et s’enrichit du regard et des émotions de tous. »
Hartiste Mélisa
Merci à Laurence pour son aide à l’écriture de ces quelques lignes.